Algérie – Le marché noir de la devise est au bord du gouffre et l’étau se resserre sur les cambistes qui ont suspendu leur activité estimant que les taux de change actuels ne sont pas rentables.
Deux mois se sont écoulés depuis l’apparition des premiers cas de contamination au Coronavirus en Algérie, et des mesures de préventions draconiennes ont été prises pour lutter contre la pandémie. On retrouve parmi ces dernières la fermeture des frontières aériennes, maritimes et terrestres qui ont sévèrement impacté le marché noir de la devise où l’activité des cambistes s’est fortement repliée depuis fin février.
Évidemment qui dit fermeture des frontières dit plus de voyage et de là, on constate que la demande a beaucoup baissé, se limitant à quelques transactions opérées par des détenteurs de capitaux en dinar, poussés par l’envie d’épargner de la monnaie étrangère en pleine crise. Et ceci soit pour « les thésauriser par manque de confiance en la monnaie nationale, soit pour les revendre lorsque la vie normale reprendra son cours »; a fait savoir Merouane, un cambiste cambiste dans le marché noir de la devise, interrogé par le quotidien national Liberté.
Soulignons que la demande est essentiellement liée aux déplacements des Algériens à l’étranger particulièrement en cette période printanière, soit pour des vacances ou pour accomplir les rituels de pèlerinage (Omra) durant ce mois sacré de Ramadan.
Sans oublier que l’arrêt des activités économiques, a poussé les grands commerçants de l’import/export à suspendre l’achat des devises au marché noir des changes, utilisées habituellement pour régler leurs factures d’importations; réservant à cet effet de grandes quantités de monnaies étrangères.
Le marché noir des devises pourra-t-il tenir le cap ?
Merouane, vendeur sur le Square Port Saïd cité plus haut, a révélé à notre source que « le peu de transactions qui se font actuellement se déroulent dans des arrière-boutiques ou dans des appartements à Alger », loin des autorités, car rappelons-le, les forces de l’ordre ont interdit aux cambistes d’exercer et d’occuper l’esplanade du Square Port Saïd à Alger durant le mois d’avril 2020; selon ce qu’a rapporté le quotidien El Watan.
Un autre cambiste a, pour sa part, confié avoir suspendu son activité sur l’informel, estimant que les taux de change actuels sont peu rémunérateurs, et que rares sont les cambistes qui proposent et acceptent de faire le change à un prix non-rentable. Ils sont certains que la vente se fera à perte; à moins que l’acheteur propose d’importantes sommes.
L’offre en devises va se resserrer davantage car les taux ne sont pas rémunérateurs, a-t-il dénoté. Par ailleurs, les cambistes sont conscients, que si la situation critique provoquée par la crise sanitaire perdurait encore, une éventuelle rechute des taux de change du dinar face aux principales devises pourrait avoir lieu.
Ainsi, à l’heure actuelle, les gros acheteurs et vendeurs sont les seuls acteurs du marché noir des devises; fixant les taux de change selon la quantité de la demande; mais aussi en fonction des gains à encaisser pour les deux parties. Cela laisse comprendre que le marché réagit beaucoup à l’effet psychologique mais, de tradition; c’est le principe de l’offre et la demande qui fixe les taux.
Taux de change du Dinar Algérien face aux devises étrangères sur le marché noir (Square Port Saïd), aujourd’hui 1er mai 2020
| Devise | Achat | Vente |
| Euro | 183.00 | 185.00 |
| Dollar US | 167.00 | 168.00 |
| Dollar Canadien | 117.00 | 119.00 |
| Livre Sterling | 209.00 | 211.00 |
| Franc Suisse | 168.00 | 169.00 |
| Livre Turque | 27.50 | 29.50 |
| Yuan Chinois | 19.50 | 21.50 |
| Rial Saoudien | 41.00 | 43.00 |
| Dirham Emirati | 42.00 | 44.00 |
| Dinar Tunisien | 56.00 | 58.00 |
| Dirham Marocain | 13.50 | 14.50 |
