Algérie – Le récent règlement relatif à la réorganisation du marché de change aspire à encourager l’émergence massive d’intermédiaires agréés, et ainsi déboucher sur un processus de suppression graduelle de la gigantesque structure d’échanges illégaux de devises, qui au final recevra le coup de grâce.
L’échange du dinar contre des devises par des intermédiaires agréés, possède une existence juridique remontant jusqu’à l’année 1997, mais depuis son autorisation par la loi en 2016, cette activité n’a jamais été attractive pour les sociétés bancaires et financières concernées, en raison d’un taux d’intérêt fixé par la Banque d’Algérie (BA) et qui ne dépasse pas 1%. Celui-ci est jugé très infime en comparaison avec les marges de bénéfice importantes, enregistrées sur le marché noir des devises.
Ainsi, le règlement n°20-04 publié dans le Journal officiel (JORA) du 15 mars 2020, compte cette fois-ci faire des agents de change accrédités des acteurs capables de construire une rentabilité à leur business. De plus, le feu vert qu’il leur donne de négocier les cours de change et les taux d’intérêt entre eux et en toute liberté, excepté dans les opérations où la Banque d’Algérie constitue la contrepartie, car dans ce cas particulier le fameux 1% continue de prendre effet.
Si le règlement fraîchement débarqué fait preuve de persuasion et réussit à séduire des quantités grandissantes d’investisseurs, les bureaux de change se multiplieront, faisant ainsi perdre du terrain à un marché noir des devises progressivement déserté par les cambistes eux-mêmes.
Effectivement, ces derniers seront tentés de rejoindre la sphère formelle qui, par la liberté qu’elle offre et la compétition qui la caractérise, rendra l’écart séparant sa tarification officielle du prix parallèle de plus en plus insignifiant.
Quel avenir pour le marché noir des devises en Algérie ?
Les cambistes qui passeront de l’autre côté de la barre, c’est-à-dire les anciens animateurs du marché noir qui intégreront le circuit officiel, devront injecter leur argent dans le système monétaire formel, qui circulait jusqu’ici dans l’informel. Cela va beaucoup profiter aux établissements bancaires et financiers et pourra contribuer à la relance économique du pays, avant des observateurs.
A ce sujet, l’ex-ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, a expliqué qu’avec cette nouvelle loi, le marché du change et des devises sera réglementé alors qu’actuellement il opère dans l’informel. L’écart du prix entre le marché noir et officiel va diminuer, a-t-il estimé. « Lorsque les négociations et la compétition entre les différentes banques interviendront à l’intérieur d’un marché ouvert et encadré, une liberté de tarification du dinar apparaîtra. », souligne Benkhalfa.
Donc il est question de priver le marché noir des devises de ses atouts les plus attrayants et les plus exclusifs, à leur tête le niveau élevé de gains qu’il permet à ses occupants d’accumuler, sans être freinés par la soumission à un cadre restrictif, imposant d’autres lois que par exemple celle de l’offre et de la demande, ou celle de la concurrence entre les différentes parties.