Algérie – Nous sommes en train de vivre une période cruciale sur le plan historique. Désormais, le monde ne sera plus comme avant, et l’Algérie aussi, affirme le politologue Mohamed Hennad, dans sa contribution au quotidien national Liberté.
Comme il y a eu par exemple, un avant et un après Révolution française, un avant et un après deuxième guerre mondiale, il y aura de la même façon un avant et un après Coronavirus. Celui-ci accélérera le bond de l’Humanité dans une nouvelle étape de son Histoire; souligne Hennad. Les rapports nationaux et internationaux connaîtront des remaniements profonds au niveau de leur structure fondamentale, et l’Algérie, partie intégrante de ce système globalisé qui se reconnaîtra davantage comme une « communauté de destin »; ne déroge aucunement à cette règle.
La notion de citoyenneté prendra peu à peu le dessus dans la future relation gouvernants-gouvernés. Cette dernière sera banalisée à l’échelle planétaire, à travers notamment « la fonctionnarisation du personnel gouvernant », explique l’auteur. Chez nous, « Le temps où l’agent de l’État méprisait la population ou se cachait derrière la hiérarchie pour fuir ses responsabilités envers eux est en passe d’être révolu »; ajoute-t-il.
A côté d’une « évolution » qui « va se traduire par des mesures strictes en matière d’économie dans le train de vie de l’État »; la société, à l’échelle collective comme à celle individuelle, connaîtra des mutations progressives, qui ne manqueront pas de déboucher sur des changements assez radicaux, d’après toujours l’avis de Hennad.
Moins d’envahissement en matière de liens sociaux, plus de détachement par rapport à la superstition religieuse, plus de respect pour l’autre, plus de solidarité, plus de d’intégration sociale, et le tout dans le cadre d’une conscience citoyenne plus construite et mature et digne des exigences de « la communauté de destin », évoquée plus haut.
Les événements tragiques modèlent la conception de l’ordre mondial
Pour l’Homme, les conflits armés majeurs, les cataclysmes naturels d’envergure apocalyptique, ou encore les pandémies virales, bactériennes et autres sont autant inspirants que traumatisants. Ce genre de phénomènes le tire, hélas brutalement, de sa zone de confort où il est livré à l’excès de confiance et à la paresse, en lui rappelant la triste réalité selon laquelle il n’est jamais complètement à l’abri, peut-on saisir des propos du politologue.
Cela le stimule à porter un regard critique sur lui-même, repérer les imperfections mises en avant par les événements tragiques et tenter d’y remédier en redoublant d’efforts, et en faisant appel à ce qu’il de meilleur en lui; en matière de capacité de résilience, de vivacité d’esprit, d’innovation, mais aussi de faculté de pouvoir compatir et de coopérer.
En effet la pandémie actuelle du virus Covid-19, fera apparaître « un nouveau paradigme », assure l’intervenant en précisant que cela s’étalera sur trois aspects. « D’abord géopolitique, ensuite politique et enfin socio-économique ». Le déplacement de la leadership mondiale de l’occident vers l’orient; la mise en cause de l’idéologie consumériste, l’accroissement de la solidarité internationale, ou le frein des courses à l’armement; sont autant d’éléments nouveaux très susceptibles de se produire suite à la présente crise sanitaire.