Algérie – L’impact de la chute drastique des prix des hydrocarbures sur l’économie nationale oblige le gouvernement à mettre en place un dispositif de relance économique dans les plus brefs délais.
Mouloud Hedir, économiste et expert des politiques commerciales, s’est exprimé en début de semaine auprès du quotidien Liberté, sur la situation délicate qui s’installe sur le pays, sous fond d’incertitude économique et financière brutale exacerbée par la crise sanitaire, plombant la plupart des secteurs commerciaux, tant au niveau national que mondial.
« Nous sommes face à un état d’urgence économique aussi impérieux que celui du sanitaire. Sans une mobilisation de toutes les énergies et l’engagement actif de l’ensemble des acteurs, c’est toute notre économie qui est menacée d’effondrement », a averti Hedir.
Concernant les cours de l’or noir qui ont considérablement chuté, depuis l’apparition de la pandémie du Coronavirus, suivi de la guerre des prix du pétrole livrée entre l’Arabie Saoudite et la Russie, après l’échec de la réunion de l’Opep-non-Opep, l’expert a estimé que le conflit a conduit à une baisse encore plus inquiétante des prix du pétrole pour les petits producteurs telle que l’Algérie.
Alors que la croissance économie avançait déjà au ralenti, celle-ci s’est amplifiée par la crise sanitaire inexorable qui sévit dans le monde, dont la durée est totalement ignorée, a regretté Hedir. Il poursuit en expliquant que « la secousse est violente pour l’économie Algérienne », car selon des prévisions faites par une institution dénommée Cnuced, « le choc du Covid-19 provoquera cette année une récession dans certains pays et fera baisser la croissance annuelle mondiale en dessous de 2.5% (seuil de récession de l’économie mondiale) », a avancé l’intervenant.
Quelles solutions pour sauver l’économie nationale ?
S’agissant des ressources financières nécessaires au budget public, l’expert a avoué que la réponse officielle du gouvernement restait floue, car le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a fermement rejeté le recours à l’endettement extérieur et la planche à billets (financement non conventionnel). Dans le même sillage, Hedir a rappelé que la Loi de Finances 2020 avait prévu 50 dollars comme prix de référence du baril de pétrole, avec un taux de croissance de 1.8%. Seul le projet de loi de finance complémentaire pourrait nous éclairer sur les dispositifs du gouvernement, afin de traiter le déficit faramineux du Trésor Public qui pointe à l’horizon, a-t-il confié.
L’orateur a indiqué que même le Premier Ministre, Abdelaziz Djerad avait signalé, il y a quelques jours, que « de grandes menaces pèsent sur la situation économique et sociale du pays ». Dans ce sens, l’expert estime que l’unique moyen de préserver l’actuel tissu économique ainsi que le pouvoir d’achat des citoyens, doit obligatoirement passer par des réformes incontournables, retardées depuis des années, dont par exemple la révision graduelle des prix des produits de base et l’ajustement du taux de change.
D’autre part, il répond à la question relative à la nouvelle la politique commerciale extérieure qui exige, que tout produit fabriqué en Algérie sera interdit d’importation à l’avenir, à l’exception de ceux dont les quantités ne couvrent pas les besoins nationaux.
Il estime à cet égard, que la politique commerciale extérieure n’est pas synonyme de gestion des importations. Selon lui, cette dernière doit englober toute une palette d’autres domaines, telle que la promotion des exportations, la sollicitation des accords commerciaux préférentiels ainsi que l’appui des investissements étrangers en Algérie, mais également les investissements nationaux à l’étranger.
Enfin, l’économiste explique que le système de production national doit sa faiblesse à une politique économique qui privilégiait depuis des années le recours à l’importation pour répondre aux besoins de la population. Cela va sans dire, que la réforme de notre système financier, ainsi que celle du régime de notre commerce extérieur sont toutes deux des axes majeurs à reconsidérer afin de relancer le développement de la production nationale, a-t-il conclu.