Algérie – Les restrictions liées à la circulation des personnes mettent en difficulté les franges les plus fragiles de la société, dont les travailleurs journaliers, à l’heure du confinement instauré face au Coronavirus.
Beaucoup de travailleurs Algériens ne peuvent pas opter pour le télétravail ou bénéficier de congé payés. Par exemple, les travailleurs journaliers et les ouvriers, menacés par la précarité depuis la mise en place du confinement sur tout le territoire national, se retrouvent dans une situation délicate. Vivant déjà dans la précarité avant l’instauration des mesures préventives face au Coronavirus, ces derniers représentent désormais la frange la plus démunie de la société Algérienne.
En effet, les mesures de confinement, de limitation de circulation et de restriction des activités commerciales établies par les autorités publiques afin de maîtriser l’épidémie du Covid-19, ont déséquilibré la vie de certaines catégories professionnelles qui se sont retrouvées privées de ressources pour nourrir leurs familles.
Selon le quotidien Liberté, 50% du personnel des administrations publiques et des entreprises privées, a été renvoyé en congé conformément à la décision des pouvoirs publics. Selon l’étude publiée en mai 2019 par le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread – Bouzareah/Alger), « l’emploi informel absorbe près de 56% de la main-d’œuvre juvénile », car la plupart des travailleurs journaliers sont actifs au noir.
Pour sa part, le président de l’Association nationale des commerçants et artisans (ANCA), s’inquiète de la dégradation du pouvoir d’achat de plusieurs milliers de ménages, révélant qu’au moins 500.000 familles Algériennes sont menacées par le désastre économique provoqué par les mesures préventives drastiques, à l’image du confinement imposé par le gouvernement en prévention contre la propagation vertigineuse de la pandémie du Coronavirus.
La CNAC pointée du doigt
Selon des statistiques officielles datant de 2017, le taux de non-affiliation à la Sécurité Sociale s’élève à 57.7%, cela équivaut à 6.2 millions de personnes non-affiliées à la Sécurité sociale, contre seulement 4.7 millions qui bénéficient de couverture sociale, a indiqué le même journal.
L’outil de lutte contre le chômage établi par le gouvernement Algérien, à savoir la Caisse nationale d’assurance chômage (Cnac), dont la mission de base vise à alléger et à amortir les effets sociaux répercutés par les licenciements massifs des travailleurs salariés du secteur économique, prescrits selon le plan d’ajustement structurel (PAS). Seulement, l’organisme n’a pas réussi à assurer sa vocation initiale, en raison des nouvelles missions qui lui sont souvent attribuées par les pouvoirs publics, retardant ainsi l’exécution du plan PAS.
L’indemnisation du chômage appartient au rôle de la Cnac, que cela soit en temps normal ou en temps de turbulence, où une double crise sanitaire et économique frappe de plein fouet l’Algérie, impactant fortement au passage les souches sociales les plus précaires.
Au grand regret, certains experts estiment qu’actuellement la Cnac n’a plus les moyens financiers pour faire face aux conséquences de la contagion du Coronavirus sur les entreprises. Par conséquent, les travailleurs journaliers ont évolué au noir (marché informel) sous les yeux désarmés des pouvoirs publics. Concernant le présent contexte exceptionnel du pays, aucune mesure n’a été prévue par le gouvernement pour assurer la prise en charge de ces travailleurs.