Algérie – Le produit de grande consommation en question fait l’objet d’une rareté que beaucoup, à l’image de Mustapha Zebdi, président de l’APOCE, incombent à un « dérèglement du marché », et non pas à une quelconque « crise de la semoule ».
De peur de se faire contaminés par la Covid-19 via leurs boulangeries, les algériens, en dépit de leur classement mondial parmi les plus gros consommateurs de baguettes, se révèlent à l’heure actuelle extrêmement nombreux à se détourner du pain. Il s’agit là d’un revirement généralisé à hauteur de diverses couches sociales, se réorientant par cette occasion vers la galette traditionnelle appelée « Kesra », qu’on prépare chez soi; à la maison, rapporte le média russe Sputnik.
Cependant, le substitut du pain choisi par les algériens, en l’occurrence la « Kesra », nécessite bien évidemment l’usage de la semoule, de plus est comme principal ingrédient à sa fabrication. Cela ne semblait pas poser problème, jusqu’à ce que des mesures de confinement soient prises, incitant ainsi les algériens à redouter fort une éventuelle pénurie de denrées alimentaires essentielles et à leur tête la fameuse semoule.
Des foules de citoyens affolés prennent alors d’assaut les magasins et les supermarchés qu’ils vident tous et en quelques jours de ce produit élémentaire, en raison du stockage massif auquel ils procèdent, mettant ainsi leurs concitoyens, qui sont à la quête du même produit, sujets au manque. En effet les minoteries n’arrivent plus à répondre à une demande qui, pour des motifs irrationnels, a triplé pendant un court laps de temps.
Ce « dérèglement du marché », dont parlait par ailleurs Mustapha Zebdi, président de l’Organisation Algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement, a conduit un certain nombre de grossistes dans une démarche opportuniste à stocker « d’importantes quantités » en vue « d’engager des opérations spéculatives ». Le gouvernement a durement réprimé les auteurs de telles actions hors la loi, dans le cadre de ses « campagnes de lutte contre toutes formes d’activités commerciales illicites »; précise Sputnik.
Des points de vente devenus des zones à risque
D’autre part, les pouvoirs publics se sont résolus à éviter à l’approvisionnement de la population en semoule de transiter par « les circuits de commercialisation classiques ». C’est dans ce sens qu’ils ont mis en œuvre des réseaux de distribution reliant sans aucun intermédiaire les minoteries aux consommateurs.
Malheureusement et en tentant d’arranger les choses, les autorités ont opté pour un mode opératoire qui entraînent la formation de vastes rassemblements, favorisant hautement le risque de propagation de l’épidémie, autour des différents points de vente, à l’instar de ceux du « groupe minotier public Agrodiv », où la distribution des sacs se fait souvent à mêmes les bennes de semi remorques dans une ambiance de bousculades et de bagarres générales, qui n’échappent nullement aux yeux des forces de l’ordre présentes sur place, soulève notre source.
Le ministre du Commerce, Kamel Rezig, a dénoncé sur sa page Facebook la pratique d’une multitude de ménages ayant empilé à domicile jusqu’à 10 sacs de semoules, en sachant que la date de péremption ne dépasse pas un an, note Echourouk selon la déclaration du député Lakhdar Benkhellaf.
Le média arabophone a rapporté notamment les propos de Kamel Adiche, directeur général du complexe étatique Agrodiv, faisant mention d’une augmentation de l’approvisionnement des minoteries en blé dur par l’Office Algérien interprofessionnel des céréales, ainsi que la distribution gratuite aux habitants de la wilaya de Blida, épicentre de l’épidémie en Algérie, par le groupe agroalimentaire public, via deux de ses usines proches de cette région. L’interlocuteur d’Echorouk a annoncé également la fourniture, aux employés du groupe mobilisés 24h/24, des bavettes de haute qualité, des désinfectants, des stérilisateurs et tous autres moyens de protection.