Algérie – Le phénomène des violences conjugales et familiales a connu une hausse inquiétante à l’heure du confinement. Les associations tirent la sonnette d’alarme face à aux actes de violence à l’encontre des femmes et des enfants, recensées dans de nombreux foyers algériens.
Le réseau Wassila, collectif d’associations féministes et de protection de l’enfance, et le réseau Nada, lui aussi groupement associatif, dédié à la lutte contre les violences faites au mineurs, ont fait part de leurs préoccupations, au site d’information russe Sputnik, quant à l’issue potentiellement dramatique du confinement qui, selon les membres des deux organisations de la société civile, favorise l’accroissement et l’intensité des actes d’agression domestique exercés à l’encontre des femmes et des enfants.
Soulignons, en guise d’échantillonnage de ce phénomène, accentué par la proximité permanente des victimes de leurs bourreaux et imposée par le confinement, que le 4 avril dernier, un policier a pénétré dans le commissariat central de la Capitale Alger. Y’en a pas plus banal que cela, mais ce n’était pas du tout pour travailler.
Le membre des forces de l’ordre est cette fois-ci venu se rendre à ses collègues, en avouant qu’il a fait usage de son arme de service, pour abattre son épouse, sous les yeux éblouis de leurs quatre enfants. « Ce féminicide est le onzième depuis le début de l’année 2020 et il s’est déroulé durant la période de la pandémie », précise à Sputnik, l’universitaire et membre du Réseau Wassila, Louisa Aït Hamou.
Dans le même sillage, Hamida Kheirat, secrétaire générale du Réseau Nada a pour sa part relaté, au média en ligne, l’exemple de la tante paternelle, d’une fillette de 5 ans, qui lui a assuré que la petite fille en question a raconté que sa maman l’attachait dans les toilettes.
Pour protéger sa nièce, cette dame disait n’avoir aucune idée de comment procéder, dans ce contexte où les services de justice sont indisponibles. « Habituellement, nous recevons une moyenne de 50 appels par jour », affirme l’activiste, avant d’ajouter que chacune d’elles « a constaté une hausse des appels et des messages concernant les cas de violences envers les enfants ».
Les associations se mobilisent
Le centre d’écoute du Réseau Wassila reste opérationnel grâce à deux écoutantes, une juriste et une psychologue, et également celui du Réseau Nada, qui demeure joignable sur le numéro gratuit 3033, ont beaucoup de mal à recueillir des données statiques proches de la réalité, car leur communication avec les victimes à drastiquement reculé, du fait que celles-ci évoluent à l’heure actuelle dans un entourage familial constamment marqué par la présence des agresseurs, mari, père, ou frère confinés à la maison, indique les interlocuteurs de notre source.
Louiza aït Hammou a déclaré à Sputnik, que les crimes violents commis contre les femmes, et dont font état les organismes de défense des droits féminins, les médias, et beaucoup moins souvent les autorités, ne constituent en vérité « que la partie émergée de l’iceberg ». Le reste, ce qui est caché, représente la partie la plus immensément importante.
Hamida Kheirat n’est pas plus rassurée. Elle a confié au journal électronique qu’elle s’attend à l’instar de ses partenaires à des chiffres exponentiels qui vont choquer l’opinion publique. Si l’en croit l’universitaire engagée dans la cause des plus vulnérables, le confinement exacerbent les violences conjugales, et celles induites aux enfants, et les camouflent notamment derrière les portes fermées. Une fois donc la pandémie dépassée, les plaintes des victimes et les récits de leurs déboires jailliront de partout.
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