Algérie – Tandis que les prévisions annonçaient la poursuite de sa descente aux enfers jusqu’à même 160 DA, le taux de change de l’Euro dans la sphère informelle a connu un rebondissement surprenant. Abdelkader Berriche, économiste et professeur dans le domaine de la gouvernance économique, clarifie l’évènement.
Des centaines de groupes et de pages algériennes dédiées à la vente des devises ont éclos sur Facebook, et ont plutôt réussi à attirer vers elles une ruée de certains commerçants et importateurs, à la quête d’acquisition des différentes monnaies fortes, en vue de les stocker pour un usage post-pandémique, rapporte le quotidien arabophone Echorouk. Le réseau social a ainsi servi d’alternative aux points de vente physiques, désertés par les acheteurs en raison des mesures préventives prises à l’encontre de la menace virale.
Effectivement et après une chute de deux semaines consécutives, le taux de change des devises en général et de l’Euro en particulier, sur le marché noir, de par son transfert sur le réseau social qui est relativement parvenu à propulser la demande, a enregistré une hausse sensible, précise le média arabophone. L’Euro a atteint dans le prix des 187 DA, alors que le dollar étasunien s’est situé autour des 170 dinars algériens.
Le marché noir des devises, et à sa tête le fameux « Square » a donc repris son souffle grâce au web, et l’économiste Abdelkader Berriche affirme, dans l’entretien accordé à notre source, que ceux qui le contrôlent se dressent comme un rempart fort contre son effondrement, « car il est dans leur intérêt de maintenir le prix de l’euro élevé sur le marché parallèle pour obtenir des marges bénéficiaires importantes », autrement pour eux c’est contre-productif.
« 90% des fonds ont une origine douteuse », affirme Berriche
L’interlocuteur d’Echorouk, sûr de lui, ajoute qu’une grande partie de l’approvisionnement du marché parallèle en devises, soit environ 90%, provient de sources suspectes. Le gonflement des factures d’importation et la contrebande de devises à l’étranger, précise-t-il, sont probablement les deux phénomènes qui alimentent ces circuits financiers clandestins.
Les mesures visant à refréner la progression du Coronavirus, c’est-à-dire la restriction du trafic commercial à l’international, l’annulation des voyages vers les la Mecque et ceux à destination de l’étranger pendant la saison des vacances de printemps, ont eu comme résultat logique et normal, souligne l’économiste, la baisse draconienne de la demande sur l’euro et le dollar, et suite à l’affaiblissement de celle-ci le taux de change sur le marché noir des devises s’est automatiquement effondré.
Le déclin ne sera d’aucune utilité à l’économie formelle, selon les dires du professeur, car il s’agit d’un marché parallèle complètement positionné en dehors de la zone réglementée, et ses prix regagneront leurs niveaux initiaux dès que les facteurs les impactant actuellement perdent toute raison de persister, à l’heure où la crise sanitaire sera enfin dépassée.